L'éruption de la Montagne Pelée de 1902
Le 8 mai 1902, à 8h00 du matin, la ville de Saint-Pierre a été détruite en quelques minutes par une nuée ardente. La capitale économique et culturelle des Antilles à cette époque y compris sa population est rayée de la carte en un instant. Elle perdra son statut de commune avant de le récupérer en 1923 mais ne retrouvera plus jamais sa magnificence et son aura précédent la catastrophe.
Saint-Pierre et la Montagne Pelée en 1902
Le volcan a lui la forme d'un cone avec au sommet une dépression : la caldeira de l'Etang Sec. Cette formation géologique (à ne pas confondre avec le cratère) est le fruit d'une précédente éruption au cours de laquelle la chambre magmatique s'est vidée. Son contour est celui d'une ellipse, d'à peu près 1km au plus large, et entouré de parois s'élevant entre 150 à 200m. Elle tient son nom du fait que contrairement à la plupart des autres volcans présentant une caldeira, cette dernière n'est pas remplie d'eau. La rivière Blanche - qui jouera un rôle dans le déroulé des évènements- est située précisemment à la verticale de la partie la moins haute de la dépression. Cette partie de la caldeira d'à peu près 30m de haut est dénommée barrage de l'Etang Sec.
Les phénomènes précurseurs
Au début de l'année 1902 apparaissent les premières fumerolles au sommet du volcan. La région baigne dans une atmosphère d'oeuf pourri caractéristique du sulfure d'hydrogène. Seules les populations directement concernées par ces dégagements commencent à s'inquiéter. Les autres n'y prêtent guère attention, notamment à Saint-Pierre et sont plutôt focalisés sur l'évènement du moment: les élections législatives.
23/04/1902 : Les premiers séismes sont ressentis dans la région du Prêcheur
25/04/1902 : Les éruptions démarrent. Un énorme nuage de cendres et de roches apparaît au niveau du sommet du volcan. L'angoisse gagne la ville du Prêcheur, directement concernée tandis que les pierrotains semblent ne pas se rendre compte de la gravité des phénomènes.
27/04/1902 : Saint-Pierre est également touchée par l'odeur de souffre. C'est aussi le premier tour des élections législatives.
La caldeira est maintenant entrain de se remplir d'un mélange boueux.
02/05/1902 : L'activité éruptive s'intensifie. Jusqu'à cette date, l'ensemble des phénomènes s'apparentaient à l'éruption précédente de 1851.La montagne gronde, un énorme panache de fumée noire s'élève au dessus du volcan. Saint-Pierre est elle aussi touchée par les pluies de cendres. La population inquiète est partagée du fait des discours rassurants d'une partie de la classe politique qui reste focalisée sur le second tour des élections.
05/05/1902 : Le lahar de la rivière Blanche - coulée boueuse d'origine volcanique.
Le barrage de l'Etang-Sec sous la pression de la masse liquide retenue dans la caldeira cède et provoque une crue de la rivière. La coulée boueuse dévale la pente à toute vitesse et détruit sur son passage la rhumerie Guérin et tue une vingtaine de personnes. En arrivant à la mer, la coulée provoque un mini raz de marée.
Dans le même temps, insectes de toutes sortes et serpents venimeux envahissent les environs de Saint-Pierre.
06/05/1902 : L'activité éruptive est passée au stade magmatique. Le magma affleure dans la caldeira et commence à être projeté au milieu des cendres, roches et panaches de fumée.
Jour J - 1 : Premières nuées ardentes
Ces dernières, de faibles amplitudes se produisent au matin sans atteindre pour l'instant la ville de Saint-Pierre ni aucune autre bourgade.
Dans la nuit, les phénomènes volcaniques se poursuivent avec dans le même temps des pluies torrentielles liées à la condensation de la vapeur d'eau.
Jour J : Le jeudi 8 mai, jour de l'Ascension, avant la catastrophe, les pluies torrentielles de la veille ont eu pour effet de nettoyer Saint-Pierre des ammas de cendres et pyroclastites. Néanmoins, une énorme colonne de fumée se fait menaçante.
L'éruption et ses conséquences
Le 8 mai 1902, jour de l'Ascension, à 08:00, une nuée ardente s'échappe du sommet du volcan de la Montagne Pelée et s'abat sur la ville de Saint-Pierre anéantissant tout sur son passage, jusqu'aux bateaux dans la baie. Il s'agit d'un mélange de gaz et de matière à très haute température, pouvant aller jusqu'à 500°C et se déplaçant à une vitesse folle de plus de 200km/h.
En arrivant sur la rade de Saint-Pierre, l'onde de choc génère un raz-de-marée qui se rajoute à l'effet destructeur de la nuée.
Alors que la commune du Prêcheur sortira indemne de cette catastrophe bienque plus proche du volcan, la ville de Saint-Pierre sera complètement anéantie. La plupart des édifices ont été complètement soufflés. Quelques murs sont restés debouts lorsqu'ils étaient dans l'axe de l'onde de choc.
Deux personnes survivront à cette catastrophe: il s'agit du cordonnier Léon Compère et Louis Cyparis qui étaient enfermés la nuit précédente dans le cachot. Ils devront leur salut à l'épaisseur des murs et au fait que la geole était en partie enterrée. En dehors de ces deux là et d'une vingtaine de marins qui survécurent, tous les habitants de Saint-Pierre encore présents au moment de l'éruption sucombèrent en grande partie par asphyxie au moment du passage de la nuée. Ce jour fatidique, ce seront au total environ 28 000 personnes qui périrent en quelques minutes.